Trek du Laugavegur

En tout : 80 km, trois jours de marche avec nuits sous tente. Une bonne dose d’aventure pour ne garder que des souvenirs de paysages hallucinants.IMG_0528

Lundi 2 juillet 2012.

Skogar- Thorsmork environ 23 km, + 1200m / -1000m

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Réveil à 4h du matin, on gare la voiture face à l’impressionnante Skogarfoss.  Le débit de l’eau est fascinant. Elle est située  face à la mer, entourée par des prairies escarpées et  vertes, où paissent des moutons.

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On débute l’ascension  à 6h 30 en longeant la rivière pour découvrir d’autres cascades.

Il ne faut pas toujours se fier au premier randonneur croisé. On nous annonce encore une heure de marche ?? What ?? On n’est quand même pas si rapide si ? Ah ben non c’est clair que non.

Après quelques heures, on se retrouve dans la brume compacte. Le jeu est à celui qui trouvera le prochain piquet indiquant le chemin à suivre. On perd un peu de temps là-haut à cause du brouillard. On se trouve au milieu des deux volcans, le célèbre Eyjafjallajökull et le Myrdalsjökull, sacrée expérience.

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On s’arrête pour manger notre purée mousseline quotidienne. Aie, le briquet ne fonctionne plus, pas de panique, il suffit de demander. Là, après une demi-journée quasiment seuls sur le chemin de randonnée, un anglais bien équipé nous tend un briquet. On peut manger chaud.

C’est reparti, c’est une bonne mise en route cette étape. On gravit la dernière côte en marchant dans la cendre noire. Sensation inconnue, c’est doux sous les semelles…  nos pieds glissent sévère. On arrive en haut, enfin !

On reprend notre souffle près du refuge. Nous pouvons remplir une gourde d’eau  filtrée. L’eau est  précieuse ici, nous explique le jeune gardien du refuge  (qui ressemble un peu au personnage de la BD Rahan avec le collier, mais en un peu plus habillé). Pas d’eau courante, et il faut éviter d’utiliser l’électricité pour faire fondre la neige si cela n’est pas vital.

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Nous sommes à environ 1000m d’altitude juste après le col Fimmvörðuháls où s’est déroulé la coulée de lave de 2010. Nous descendons dans la neige entourés par le brouillard épais, c’est là que nous rencontrons un géant islandais, uniquement vêtu d’un pull en laine et portant un minuscule sac à dos. Son visage est rouge écarlate à cause du froid. On se demande bien d’où il vient comme ça. Il nous dit tel un papa ours « Be… Careful…». Ici, les rencontres sont très rares mais elles sont toutes improbables.

Un peu plus bas, la pente est de plus en plus raide .  C’est parti, on sort nos protèges sac et on s’élance pour 50m de descente sur les fesses dans la neige !

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La descente se poursuit dans les paysages verdoyants  jusqu’à Thorsmork. La dernière partie est un calvaire pour mes petits pieds : les ampoules sont plus grosses que mes orteils. Heureusement le paysage est là pour me les faire oublier.

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Arrivée à 18h, on installe la tente dans une clairière. J’essaye de calmer mes pieds dans le torrent mais oups l’eau est glaciale,  impossible de résister plus de 2 secondes.

On ne fait pas long feu, il faut récupérer après cette rude mais exceptionnelle journée.

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Mardi 3 juillet

Thorsmork – Hvanngil environ 30 km, +800 m / -1000 m

Réveil à 5h, arrivée à 21h. Départ à l’aube pour la plus longue étape. Je ne me doutais pas que 14h de marche m’attendais ! Ici la beauté des paysages se mérite.

Après deux heures de recherches, on arrive enfin à traverser la rivière à Thorsmork. Nos nerfs sont mis à rude épreuve,  le petit pont de bois était pratiquement invisible de ce côté.

Au refuge, on achète 1kg de riz à prix d’or et c’est reparti.

Encore une fois, quelques petits détours dans les bois pour enfin retrouver le bon chemin. En avant pour la traversée du premier gué à pied. L’eau est glacée mais peu profonde (sous les genoux), on se retrouve en moins de deux sur l’autre rive.

Le chemin est en pente douce, nos pieds ont pris le rythme. Ils avancent, seuls, sans difficultés (pour le moment). Les kilomètres défilent, cette partie est plus fréquentée. On croise des randonneurs, des cyclistes, le soleil…

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Les heures passent, on franchit un petit canyon, il est grand temps de s’arrêter un peu. On déjeune sur l’herbe  à côté d’un torrent. Après ce petit repos, on embraye dur avec la montée au refuge d’Emstrur. On ne dormira pas ici, il nous reste des forces, on repart.

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Là, l’Islande se révèle encore plus belle, on traverse un désert noir. Une pluie très fine tombe. De la cendre, des graviers noirs, quelques collines vertes fluo surgissent. L’une d’elle nous fait penser à la montagne du Mordor, c’est la Maelifell.  Des petites pousses fleurissent au milieu de ce désert. Le spectacle est saisissant. Je m’imagine, chevauchant un étalon noir dans l’orage, l’ambiance est au fantastique.

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Le paysage est maintenant caillouteux  et une pluie fine tombe sans discontinuer. On a hâte de se mettre au chaud. Mais la route est encore longue. Petite pause chocolat sur un pont en bois. Deux voitures passent mais dans le mauvais sens. D’après la carte, le refuge n’est pas loin. Mais un gué nous barre la route. Le courant est fort et il y a environ 5 mètres à traverser, on ne sait pas à quelle profondeur nous attendre. Mais pas le choix, c’est bien par là.

En avant pour LA montée d’adrénaline : de l’eau glacée  à mi-cuisse,  un courant sans pitié contre lequel il faut lutter. Mes muscles tétanisent, tremblent comme des feuilles et se raidissent. Il faut avancer jusqu’à l’autre rive. On y est, c’était vraiment une galère ! Je respire vraiment soulagée, ça  aura été, pour moi, le moment le plus difficile du trek, il ne faut pas se mentir : j’ai flippé ma race !! Avec le courant, j’ai perdu ma tongue dans l’eau.

Plus loin de l’autre côté,  un panneau libérateur annonce le refuge. On monte la tente. Je suis épuisée à peine le temps de grignoter et je file au dodo. Les deux autres restent un peu plus longtemps réveillés et profitent du buffet organisé pour un groupe à l’intérieur et dire que j’ai loupé ça ! (ça fait deux jours que je mange de la mousseline et du blédine à tous les repas ! )

 

Mercredi 4 juillet

Hvanngil -Landmannalaugar  environ 25 km, +900 m / -1000 m : 12 h de marche

Je me crois encore en plein rêve, mais non ! Attends, là je suis bien réveillée ! Des elfes se baladent autour de ma tente ! J’hallucine tellement que je n’ai même pas le réflexe d’ouvrir ma tente pour regarder. Il est trèèèès tôt, mais ici à Hvanngil pas de réveil : ce sont des voix féminines et mélodieuses qui entonnent des chansons traditionnelles islandaises pour sortir les campeurs de leur sommeil. Je reste dans ma tente, je les imagine habillées avec des capes et tenant une chandelle dans leur mains.IMG_0426

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C’est notre dernière journée sur le Laugavegur. L’ambiance est totalement différente de la veille, des rayons de soleil illuminent les prairies aux alentours. On débute à 11h ce matin ; besoin de se retaper un peu.

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Quelques mètres plus loin, on découvre Alfavatn, un magnifque lac  perdu entre toutes ces montagnes, il est immense et bleu profond. On passe deux petits gués, finger in the nose. Les environs sont vraiment très beaux. On voudrait revenir là tous les week-ends faire un pic-nique en famille.

Les mousses recouvrent les abords des ruisseaux, la nature est bien en vie ici. Allez, c’est parti pour LA montée qui aura raison de moi. On croise plein de monde mais ils descendent tous. Nous, on grimpe. Arrivée à la moitié c’est  ppfffiiiiout… je suis à plat mais je veux arriver là -haut poser mon sac et admirer, alors on écoute plus ces jambes, c’est le mental qui fait monter les 1000m de dénivelé! Les deux loulous m’attendent depuis un pti quart d’heure au sommet.

 

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J’y suis !!!  Le paysage est grandiose, on reste un peu pour admirer tout le panorama.

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La suite est dure, trèèès dure, la montée m’a cassée. Je  n’ai pas assez mangé hier soir (la blédine me dégoute). J’ai besoin de calories pour pouvoir avancer!!! On sort le Justin Bridou, pas de couteau, je le croque à pleine dent. Je mélange un sachet de purée mousseline dans l’eau et je bois tout froid (je n’en mangerai plus pendant quelques années tellement ça m’a marquée).

Bref, ça va mieux et mon corps redémarre.

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On arrive dans un paysage désertique avec des fumerolles de souffre par-ci par-là. On traverse une étendue de plusieurs kilomètres dans la neige avec le drapeau islandais qui nous fait signe au loin. C’est le refuge d’ Hrafntinnusker hut. Avant d’y arriver, petite pause dans un « champs » d’obsidienne. Attention ça coupe, petit trou dans mon pantalon après mettre assis sur une pierre qui avait pourtant l’air carrée.

On déjeune dans le « placard à chaussures » du chalet , l’entrée est chaufée. Mais ce n’est pas fini, nous n’avons pas encore vu les fameuses couleurs du Landmannalaugar. Alors on avance.

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La météo n’est pas la meilleure pour observer le paysage lors de la descente. Mais on voit nettement les coulées de lave noire brillante qui semblent tout juste sortie du ventre de la terre. On se perd dans les champs de lave, c’est un vrai labyrinthe. Il ne nous reste que quelques centaines de mètres et nous voilà arrivée au terme de cette aventure.

Et enfin nous voilà ! On est assez fiers de nous. On plante la tente, on discute avec d’autres randonneurs, et direction la source d’eau chaude naturelle.

Dans la rivière à 40°, on se délasse, on oublie les courbatures de ces trois jours intenses. On se baigne jusqu’à 2h du matin sous la lune, mais sans étoile, sous un ciel rose bleuté.

Magique…

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